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Dimanche 2 février 2020, matin

Cette écriture qui se délite, la porter dans ses mains et la tendre vers les autres. Ce geste-là, généreux, comme poser nue. Les aiguilles de l’horloge de l’enfant pour apprendre à lire l’heure ne tournent pas d’elles-mêmes. Le bouquet de fleurs de la semaine dernière composé sauvagement dans la rue ne bouge presque pas. Quelques fleurs jaunes chutent : le lierre, la lavande séchée, la branche de romarin restent en place. Disparition de cette écriture avec l’hiver qui l’a vu naître pour vivre ici. L’ordinaire ne tient pas comme du lierre. Les livres ne s’accumulent pas trop : j’en laisse sortir pour en laisser entrer. Dans la montagne où je vivais, sur mon balcon face à une vallée, je lisais les mêmes vers que je lis ici sans vue mais avec tous les paysages des écritures. « Souhait / De prendre une leçon de silence / avec les séjours écourtés, / les morceaux de bois sombres, / Les espaces qui n’ont pas servis, / les filles en robes blanches, / colonnes de poussières qui soutiennent les temples, / les portes dans le miroir tremblant. » Ilse Aichinger est une poète hongroise qui vit ici avec moi. J’écoute encore sa voix : « Qui voudras bien garder mon ciel pour moi ? » Un de mes bols à thé favoris a rejoint la semaine dernière le cimetière minéral sur le balcon. Destin assez ordinaire pour un bol : se fendre. Destin ordinaire pour une métaphore filée de se défiler finalement… ? Ai-je commencé trop tôt mon décompte avant le Printemps ? 

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Dimanche 9 février 2020

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