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Mardi 4 février 2020, nuit

« L’éternité monte autour de moi comme la mer »
Emily Dickinson 

Murmure infini de l’enfant dans l’obscurcissement du ciel, bruits de pas et de clefs, amplifiés dans le hall d’escalier, claquement rapide d’une porte : le désert de l’écrit est là, avec moi, de mon côté de la vie. J’arrête café, tabac, alcool, juste pour voir ce qu’il y a encore quand il n’y a plus rien pour aller plus loin et être là. L’encens se consume, le papier est éclairé à la bougie – cela me rappelle un bonheur d’intérieur, celui de la maison d’un ami à Paris qui vivait dans un rez-de-chaussé sans électricité à côté du cimetière du Père Lachaise. Nous dormions à peine sur des matelas, les nuits à goûter chaque chose sans les voir étaient pourtant exquises. Dans la saleté, une sainteté régnait, celle de la conscience des dons de la vie (lumières, nourritures, chants, tendresses) – tout était précieux dans les mains de notre hôte Rémi. Un long bain aux notes de lavande a été pris cet après-midi ici. Des peaux sont tombées. Un quartz rose repose sur les bords de la petite baignoire à peine assez grande pour un petit corps. Rémi adorait aussi les vapeurs d’eaux chaudes – des odeurs d’Inde circulaient entre la pièce d’eau et l’unique pièce à vivre où étaient mêlés instruments de musique, couvertures, tasses à thé. J’invite ici ce lieu qui n’existe plus par le mystère de l’écriture. Mon ami est toujours sensible au Mystère. 

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Mardi 11 février 2020, matin

Bourdonnement du réfrigérateur, je creuse en moi l’écoute. Mardi-jour-de-marché, oubli sur les étalages des mes clémentines d’Andalousie. Je m’en rends compte en rentrant seulement. Je ne sais pas combien d’argent j’ai perdu. Achat d’un stock de mouchoirs et de papiers toilettes comme si on partait en voyage pour très longtemps.  « Ce n’est pas tous les jours qu’on a envie d’acheter ce genre de choses » , je dis au marchand qui lui en vend tous les jours. 7 euros 4 cahiers j’arrive à négocier pour le capitaine du bateau rêveur professionnel fauché. Depuis quelques jours il a éteint le chauffage en se disant que cela fera peut-être arriver le Printemps. Ne plus aller au café, qu’est-ce que cela change ? On a envie de rentrer plus vite chez soi pour aller aux toilettes et on s’assoit sur des bancs en regardant la vue. En écrivant on boit de l’eau chaude avec un bout de gingembre infusé dedans. Ma grand-mère, elle, sait toujours exactement le prix des choses qu’elle ac...

A ma fenêtre, 18 mars 2021

À ma fenêtre, le ciel, sans le reste. Écume d’écriture au réveil, sans le reste du jour. Première heure : Ciel. À chaque fois que je reprends mon souffle, les couleurs ont changées. J’entre dans le jour calmement avec le rapide changement de la lumière. Le soleil perce. À ma fenêtre, la percée. Toute seule, toute pure, sans le reste. La percée nue comme moi-même dans mon rêve chez le libraire : Je cherchais un livre et je trouvais « Fenêtres ». C’est mon livre-mon ciel pour moi toute seule et pour vous tout seul qui lisez. suite sur Instagram #sachasteurer

Vie silencieuse

Vol d’oiseaux sur assiette je prends – en haut le vent, en bas le lac  le vent souffle sur le lac, et le lac accueille le vent . La petite fumée papillon de la bougie se dissipant – sortie du tombeau, Printemps.  Tu es là, avec et dans la fleur, blanche, double. L’horloge arrête enfin le  temps-espace  présent, je t’écris dans l’agenda perpétuel des fleurs. Ecritures, encore écritures - traits pleins, séparés, en dedans, en dehors de nous, volants sur - assiettes, papiers, ciel  Suis-je dépaysée ? Non,  Le lac est ouverture, le vent pénétration .  En compagnie des oiseaux, des roses et des papillons sur les boites d’allumettes, déjà, le soir vient comme tu viendrais en moi si-, fleur blanche et double, presque fanée – si tôt.  Je devine la musique que tu écoutes et les couleurs que tu choisis, j’entends des chants d’oiseaux sur des coups de marteaux. Des fleurs coupées dans leur verre d’eau se referment avec la nuit qui vient c...