« L’éternité monte autour de moi comme la mer » Emily Dickinson Murmure infini de l’enfant dans l’obscurcissement du ciel, bruits de pas et de clefs, amplifiés dans le hall d’escalier, claquement rapide d’une porte : le désert de l’écrit est là, avec moi, de mon côté de la vie. J’arrête café, tabac, alcool, juste pour voir ce qu’il y a encore quand il n’y a plus rien pour aller plus loin et être là. L’encens se consume, le papier est éclairé à la bougie – cela me rappelle un bonheur d’ intérieur , celui de la maison d’un ami à Paris qui vivait dans un rez-de-chaussé sans électricité à côté du cimetière du Père Lachaise. Nous dormions à peine sur des matelas, les nuits à goûter chaque chose sans les voir étaient pourtant exquises. Dans la saleté, une sainteté régnait, celle de la conscience des dons de la vie (lumières, nourritures, chants, tendresses) – tout était précieux dans les mains de notre hôte Rémi. Un long bain aux notes de lavande a été pris cet apr...